Dans cette fiche explicative, nous allons apprendre à utiliser le théorème de Moivre pour déterminer les racines de l’unité et découvrir leurs propriétés.
On appelle racines de l’unité les nombres complexes tels que
On sait qu’il n’existe qu’une seule solution réelle, , à cette équation si est un entier impair, car on résout l’équation en prenant la racine de chaque côté de l’équation. Si est un entier pair, cette équation admet deux solutions réelles, et .
Mais pour , il existe d’autres solutions à cette équation qui ne sont pas des nombres réels. En particulier, pour , on sait que les solutions à cette équation sont
Une tendance se dessine. Il n’y a clairement qu’une seule solution à l’équation , qui est . Il y a deux solutions réelles et à l’équation . De plus, on a observé que admet trois solutions distinctes. On peut alors conjecturer qu’il y a solutions distinctes à l’équation .
On peut prouver cette conjecture à l’aide du théorème de Moivre pour les racines.
Théorème : Théorème de Moivre pour les racines
Pour un nombre complexe , les racines de sont pour .
Dans le premier exemple, nous appliquerons le théorème de Moivre pour déterminer les racines de l’unité sous forme polaire.
Exemple 1: Les racines 𝑛-ièmes de l’unité
Écrivez la forme générale des racines de sous forme polaire.
Réponse
Pour rappel, d’après le théorème de Moivre pour les racines, les racines d’un nombre complexe sont
Ainsi, pour trouver les racines du côté droit de l’équation, qui est 1, on peut commencer par exprimer 1 sous forme polaire. On sait que le module de 1 est 1, et comme 1 est sur l’axe réel positif du plan complexe, on en déduit que l’argument de 1 est de 0 radian. On peut écrire la forme polaire de 1 en posant et :
D’après le théorème de Moivre, les racines de l’unité sont pour . Ainsi, les racines de sous forme polaire sont
Dans l’exemple précédent, on a trouvé la forme polaire des racines de l’unité en appliquant le théorème de Moivre. En particulier, on a prouvé la conjecture selon laquelle il existe solutions complexes distinctes à l’équation . Autrement dit, il existe racines de l’unité distinctes.
À partir de la forme polaire des racines de l’unité obtenues dans l’exemple précédent, on peut les écrire sous forme exponentielle. Rappelons que la forme exponentielle d’un nombre complexe de module et d’argument est ; en effet, les formes polaires et exponentielles du nombre complexe sont liées par la relation
Ci-dessous, on donne les formes polaires et exponentielles des racines de l’unité.
Définition : Racines 𝑛-ièmes de l’unité sous forme polaire et exponentielle
Les racines de l’unité sous forme polaire sont
Les racines de l’unité sous forme exponentielle sont
En particulier, la racine 1 est appelée racine triviale de l’unité.
Ci-dessus, les expressions des racines de l’unité donnent les modules et les arguments des nombres complexes. On voit que les modules de toutes les racines de l’unité valent 1, ce qui signifie qu’elles sont toutes sur le cercle unité au centre du plan complexe. La racine triviale de l’unité 1 appartient à l’intersection de ce cercle unité et de la droite des réels positifs du plan complexe. Les arguments des racines de l’unité croissent selon une suite arithmétique de raison radians. Dans un plan complexe, cela signifie qu’on peut représenter les racines de l’unité en commençant à 1, et par rotations anti-horaires successives de sur le cercle unité. Si on relie les racines de l’unité successives par des segments, on obtient un polygone régulier inscrit dans le cercle unité. Observons ce fait dans les graphiques ci-dessous pour différentes valeurs de .
Comme annoncé, les racines de l’unité de forment les sommets d’un polygone régulier à côtés inscrit dans un cercle unité du plan complexe, avec un sommet à la racine triviale 1.
Notez que les arguments des racines de l’unité n’appartiennent pas toutes à l’intervalle standard radians. En particulier, les racines cubiques de l’unité sont représentées dans le plan complexe ci-dessus par 1, , et . La dernière de ces trois racines cubiques de l’unité a pour argument , qui est en dehors de cet intervalle. Cet argument est supérieur à la borne supérieure ; on obtient un argument équivalent en soustrayant un tour complet de radians à partir de cette valeur :
Notez que cet argument équivalent appartient à l’intervalle standard , on peut donc l’utiliser pour écrire cette troisième racine de l’unité .
Dans l’exemple suivant, nous chercherons les racines cinquièmes de l’unité avec des arguments dans l’intervalle standard, puis nous calculerons leur somme.
Exemple 2: Somme des racines 𝑛-ièmes de l’unité
- Déterminez les racines cinquièmes de l’unité.
- Quelle est leur somme ?
Réponse
Question 1
Rappelons que les racines de l’unité sous forme polaire sont pour . Dans cet exemple, on souhaite trouver les racines cinquièmes de l’unité. Ainsi, on peut écrire les racines cinquièmes de l’unité en posant et dans cette expression :
Rappelons que l’argument d’un nombre complexe, par convention, appartient à l’intervalle standard . Les deux dernières racines cinquièmes de l’unité ont des arguments et en dehors de cet intervalle. Ces arguments sont supérieurs à la borne supérieure ; on obtient des arguments équivalents en soustrayant un tour complet de radians à partir de ces valeurs :
Avec ces arguments dans l’intervalle standard, les deux dernières racines cinquièmes de l’unité s’écrivent et . Ainsi, les racines cinquièmes de l’unité sont
Question 2
Cette question demande de calculer la somme des racines. Nous utiliserons deux méthodes différentes pour ce calcul. La première méthode nécessite une calculatrice pour calculer les cosinus d’angles non remarquables ; la deuxième méthode utilise une astuce algébrique et ne nécessite pas de calculatrice. La deuxième méthode est beaucoup plus simple si on connaît cette astuce algébrique.
Méthode 1
On doit calculer
On peut réécrire la somme
Rappelons la propriété de la forme exponentielle d’un nombre complexe concernant son conjugué : , pour tout nombre réel . Donc, les nombres complexes à l’intérieur des deux paires de parenthèses ci-dessus sont des paires de nombres conjugués. On sait que, pour tout nombre complexe , , où est la partie réelle de . Ainsi, la somme des racines peut s’écrire
Il reste maintenant à trouver les parties réelles des nombres complexes et . On rappelle qu’un nombre complexe sous forme exponentielle peut s’écrire sous forme polaire où est le module et l’argument du nombre complexe. Pour et , les modules des deux nombres complexes sont 1, donc dans les deux cas. De plus, on a pour , et pour . Donc,
Ainsi,
En utilisant ces valeurs, la somme des racines devient
Comme ni ni ne sont des angles remarquables, on ne peut pas calculer le cosinus de ces angles sans calculatrice. La calculatrice donne
En substituant ces valeurs dans la somme, on obtient
Méthode 2
Nous allons utiliser une astuce algébrique pour calculer la somme. Commençons par appeler cette somme :
On multiplie chaque côté de l’égalité ci-dessus par . Puis, en utilisant la propriété de la forme exponentielle , on obtient
On trouve en soustrayant de l’argument du premier nombre complexe. On obtient
On voit que le côté droit de l’équation ci-dessus est le même que le côté droit de l’équation(1). Donc, en écrivant l’égalité des membres gauches de ces deux équations, on obtient
En réécrivant cette équation, on obtient
Comme le nombre complexe dans les parenthèses du côté gauche de l’équation ci-dessus est non nul, on peut diviser chaque côté de cette équation par ce nombre, ce qui donne
Donc, la somme des racines cinquièmes de l’unité est 0.
Dans l’exemple précédent, on a trouvé que la somme des racines cinquièmes de l’unité est nulle. En fait, il s’agit d’une propriété générale des racines de l’unité, comme nous le verrons plus loin.
Dans l’exemple suivant, nous étudierons l’inverse des racines de l’unité.
Exemple 3: Inverse des racines 𝑛-ièmes de l’unité
Soit une racine de l’unité.
- Laquelle des relations suivantes est la relation correcte entre et ?
- Exprimez en fonction de puissances positives de .
Réponse
Question 1
Dans cet exemple, on cherche où est une racine de l’unité. D’après le théorème de Moivre sur les puissances entières d’un nombre complexe ,
Ici, l’entier est . De plus, on sait que le module d’une racine de l’unité vaut 1. Autrement dit, pour un argument . Ainsi, d’après le théorème de Moivre sur les puissances entières,
Ceci est le nombre complexe de module 1 et d’argument . Comme l’argument de ce nombre complexe est de signe opposé à l’argument de , ils se situent donc de part et d’autre de l’axe réel du plan complexe.
Comme on le voit dans le plan complexe ci-dessus, les parties réelles de et sont dans ce cas égales, et les parties imaginaires de ces deux nombres complexes sont opposées. Autrement dit, ce sont deux nombres conjugués. Ainsi,
C’est la réponse D.
Question 2
Dans cette question, on souhaite exprimer pour un entier positif . Comme est une racine de l’unité, on a
On multiplie chaque côté de cette équation par et on simplifie les exposants, ce qui donne
est un entier positif, et on a
Dans l’exemple précédent, on a établi que l’inverse d’une racine de l’unité est son conjugué. Cela implique que le produit d’une racine de l’unité par son conjugué est égal à 1.
Propriété : Conjugué des racines de l’unité
Soit une racine de l’unité. Alors,
Pour le moment, on a étudié les propriétés des racines de l’unité. Certaines racines de l’unité sont les mêmes pour différentes valeurs de . Ce sont des racines communes de l’unité. Dans l’exemple suivant, nous parlerons des racines de l’unité qui sont communes à différentes valeurs de .
Exemple 4: Relation entre les racines 𝑛-ièmes de l’unité pour différentes valeurs de 𝑛
- Déterminez les racines cubiques de l’unité.
- Trouvez les solutions de .
- Quelle est la relation entre les racines cubiques de l’unité et les racines de l’unité ?
Réponse
Question 1
Rappelons que les racines de l’unité sous forme polaire sont
Pour trouver les racines cubiques de l’unité, on pose , ce qui signifie qu’il faut prendre . On obtient
En écrivant une expression équivalente à la dernière racine cubique de l’unité pour que son argument soit dans l’intervalle standard , on trouve que les trois racines cubiques de l’unité sont
Question 2
De la même manière, on trouve les racines de l’unité en posant et , ce qui donne
Alors, si on exprime les arguments dans l’intervalle principal, on a
Question 3
En comparant les racines cubiques de l’unité aux racines de l’unité, on constate que toutes les racines cubiques de l’unité sont également racines de l’unité.
Dans l’exemple précédent, on a vu que toutes les racines cubiques de l’unité sont aussi des racines sixièmes de l’unité. On peut également le regarder sous un autre angle. Une racine cubique de l’unité est un nombre complexe qui vérifie , tandis qu’une racine sixième de l’unité est une solution complexe de . Si un nombre complexe vérifie , alors on peut prendre le carré de chaque côté de l’équation, ce qui donne
Ainsi, si un nombre complexe vérifie , alors il vérifie également . D’ailleurs, on peut généraliser cette affirmation. Soient deux entiers positifs et tels que divise ; c’est-à-dire pour un entier positif . Si est une racine de l’unité, alors elle vérifie . Si on élève chaque côté de cette équation à la puissance ,
Donc, est aussi une racine de l’unité. Ainsi, si et sont des entiers positifs tels que divise , toute racine de l’unité est automatiquement une racine de l’unité.
On peut appliquer cette affirmation pour démontrer un théorème encore plus général. Cette fois, ne divise pas , mais on a . Donc, divise à la fois et . Par conséquent, chacune des racines de l’unité est aussi racine et de l’unité. En fait, ce sont précisément les racines communes de l’unité.
Théorème : Racines communes de l’unité lorsque pgcd (𝑚, 𝑛) ≠ 1
Soient et des entiers positifs tels que . Alors, les racines communes aux racines et de l’unité sont exactement les racines de l’unité.
Considérons un exemple d’application de ce théorème dans un problème géométrique.
Exemple 5: Nombre de sommets communs à des polygones inscrits
Deux polygones réguliers sont inscrits dans le même cercle, le premier a 1 731 côtés et le second a 4 039 côtés. Si ces deux polygones ont au moins un sommet en commun, combien de sommets ont-ils en commun ?
Réponse
Rappelons que les racines de l’unité d’un plan complexe se situent aux sommets d’un polygone à côtés inscrit dans un cercle unité, où l’un des sommets est en 1. Munissons ce plan d’un repère de sorte que le cercle en question soit unitaire, centré à l’origine, et que le sommet commun soit le point . Alors, on peut considérer les sommets comme des nombres complexes du plan complexe.
Dans cette configuration, les sommets du polygone à 1 731 sommets sont les racines de l’unité, tandis que les 4 039 sommets sont les racines de l’unité.
On rappelle que pour tous entiers positifs et , les racines communes aux racines et de l’unité sont précisément les racines de l’unité si . Dans cet exemple, et , on cherche donc . On note que le premier nombre est divisible par 3 et le deuxième par 7. En utilisant ces diviseurs premiers, ces deux nombres s’écrivent
On voit que 577 est un diviseur commun à ces nombres, et c’est le plus grand diviseur, car ils ne partagent pas les autres diviseurs premiers 3 et 7. On obtient
Ainsi, les sommets communs à ces deux polygones sont représentés dans le plan complexe par les racines de l’unité. On sait qu’il y a exactement 577 nombres complexes qui sont racines de l’unité.
Par conséquent, si les deux polygones inscrits dans le même cercle ont au moins un sommet en commun, alors ils ont au total 577 sommets en commun.
Dans les exemples précédents, on a identifié les racines communes de l’unité. Passons maintenant à une autre définition importante concernant les racines de l’unité. Nous avions déjà listé les racines de l’unité pour ; nous les avions notées dans des plans complexes. Listons-les en prenant des arguments qui appartiennent à l’intervalle standard .
Les racines de l’unité | |
---|---|
1 | |
2 | , |
3 | , , |
4 | , , , |
5 | , , , , |
6 | , , , , , |
7 | , , , , , , |
Les nombres en rouge dans le tableau ci-dessus sont les racines de l’unité qui sont aussi racines de l’unité pour un nombre . Par exemple, la racine de est en rouge parce que cette racine est une racine de l’unité lorsque , et . Cela signifie que les nombres en vert sont les racines de l’unité qui apparaissent pour la première fois dans la liste. De telles racines de l’unité s’appellent racines primitives de l’unité.
Définition : Racines 𝑛-ièmes primitives de l’unité
Une racine primitive de l’unité est un nombre complexe pour lequel est le plus petit entier positif tel que . Autrement dit, une racine primitive de l’unité est une racine de l’unité qui n’est pas une racine de l’unité pour un nombre .
D’après le tableau ci-dessus, on a identifié toutes les racines primitives de l’unité pour :
Racines primitives de l’unité | |
---|---|
1 | 1 |
2 | |
3 | , |
4 | , |
5 | , , , |
6 | , |
7 | , , , , , |
On observe que la première racine non-triviale de l’unité pour est toujours une racine primitive de l’unité.
Propriété : Racines 𝑛-ièmes primitives de l’unité
Tout nombre complexe de la forme , pour entier positif, est une racine primitive de l’unité.
Cette propriété indique aussi qu’il existe toujours un nombre complexe qui correspond à une racine primitive de l’unité. Cependant, il ne faut pas oublier qu’une racine primitive de l’unité pour n’est pas unique ; ainsi, cette propriété permet d’obtenir l’une des racines primitives de l’unité, et non toutes.
Prouvons cette propriété en montrant qu’il n’existe pas d’entier positif , inférieur à tel que . Ainsi, soit un entier quelconque vérifiant . Alors, d’après le théorème de Moivre sur les puissances entières, on a
Notons également que la condition implique si on divise chaque membre de l’inégalité par . Donc, l’argument du nombre complexe ci-dessus vérifie
Comme l’argument de 1 est égal à 0 ou un multiple de , on obtient que pour tout entier tel que . Autrement dit, est le plus petit entier positif tel que , ce qui prouve la propriété.
Une propriété importante d’une racine primitive de l’unité est qu’elle peut générer toutes les racines de l’unité si on l’élève à des puissances successives.
Propriété : Racines 𝑛-ièmes primitives de l’unité
Soit une racine primitive de l’unité, alors les racines de l’unité sont
On peut démontrer cette propriété en démontrant les deux propriétés suivantes. Soit une racine primitive de l’unité. Alors
- toute puissance entière de est aussi une racine de l’unité,
- les nombres complexes sont tous distincts.
À partir de ces deux propriétés, on sait que sont racines distinctes de l’unité, donc elles représentent toutes les racines de l’unité.
Pour montrer la première propriété, soit un entier quelconque. Alors, d’après les propriétés des exposants,
On sait que car est une racine de l’unité. Par conséquent, le côté droit de l’équation ci-dessus est égal à 1. Comme , est une racine de l’unité. Cela prouve la première propriété nécessaire à notre preuve.
Pour prouver la deuxième propriété, commençons par supposer qu’elle soit fausse. Alors, il existe deux entiers distincts non-négatifs et , avec et , tels que
Supposons que , car l’ordre de ces deux entiers est arbitraire. Alors, en divisant les deux côtés de l’équation par et en utilisant les propriétés des exposants, on obtient
Donc, vérifie l’équation , où est un entier positif puisque . Donc, est une racine de l’unité, avec . Mais ça contredit le fait que est une racine primitive de l’unité. Cela signifie qu’il n’est pas possible d’avoir pour des entiers non-négatifs et inférieurs à . Ainsi, les nombres sont nombres distincts. Cela prouve la propriété désirée.
Examinons maintenant quelques propriétés des racines primitives de l’unité.
Propriété : Somme des puissances des racines 𝑛-ièmes primitives de l’unité
Soit une racine primitive de l’unité pour . Alors
Les termes du membre gauche de l’équation ci-dessus étant les racines de l’unité, cette propriété indique que la somme des racines de l’unité est nulle pour tout . Rappelons qu’on a montré dans l’exemple 2 que la somme des racines cinquièmes de l’unité est nulle. Ici, on peut utiliser une astuce algébrique similaire pour prouver cette propriété.
Pour prouver cette propriété, commençons par appeler le côté gauche de l’équation :
Multiplions chaque côté de cette équation par ,
Comme est une racine de l’unité, on a . On obtient
On voit que les membres droits des deux équations sont les mêmes, ce qui donne
Comme est une racine primitive de l’unité, on sait que . Ainsi, on peut diviser les deux côtés de l’équation ci-dessus par , ce qui donne
Cela prouve la propriété souhaitée, qui mène directement au résultat suivant.
Corollaire : Somme des racines 𝑛-ièmes de l’unité
La somme des racines de l’unité, pour tout , est égale à zéro.
Comme une somme de nombres complexes équivaut géométriquement à une addition de vecteurs, la propriété ci-dessus révèle un autre aspect de la symétrie des racines de l’unité. Pour faire une analogie physique, si on voit chaque racine de l’unité comme un vecteur représentant la norme et la direction d’une force qui s’exerce à l’origine d’un plan complexe, cette propriété indique que l’effet combiné de toutes les forces à l’origine est nul. Autrement dit, les forces représentées par les racines de l’unité sont en équilibre parfait.
Passons à un exemple où on applique cette propriété des racines primitives de l’unité.
Exemple 6: Somme des puissances des racines primitives de l’unité
Soit une racine primitive de l’unité, laquelle des expressions suivantes est égale à ?
- 1
Réponse
On rappelle qu’une racine primitive de l’unité vérifie
Comme on nous dit que est une racine primitive de l’unité, . Donc,
On réécrit cette équation pour trouver une expression égale à l’expression donnée :
C’est la réponse D.
Dans le dernier exemple, nous appliquerons les propriétés d’une racine de l’unité pour résoudre un problème.
Exemple 7: Applications des racines 𝑛-ièmes de l’unité
Combien de paires de nombres réels vérifient la relation ?
Réponse
On rappelle les propriétés du module d’un nombre complexe,
Si on note , on a ; donc, l’équation donnée est . En prenant le module de cette équation, on a
Alors, les propriétés du module données ci-dessus donnent
Donc, en soustrayant de chaque côté de l’équation, on obtient
Par conséquent, soit soit . Si , et sont tous les deux nuls, on obtient alors une paire de nombres réels qui vérifient l’équation. Ensuite, considérons le cas où . Si on multiplie chaque côté de l’équation initiale par , on obtient
Rappelons que, pour tout nombre complexe , . Comme on sait que , on peut réécrire l’équation ci-dessus
On sait que les solutions de ces équations s’appellent les racines de l’unité, et qu’il existe exactement 2 021 racines de l’unité qui vérifient cette équation. Par conséquent, dans le cas où , il existe 2 021 paires qui vérifient cette équation.
Au total, il existe 2 022 paires de nombres réels qui vérifient la relation.
Pour conclure, récapitulons quelques concepts importants de cette fiche.
Points clés
- Pour tout entier positif , il existe exactement nombres complexes distincts qui vérifient l’équation . Les solutions complexes de cette équation s’appellent les racines de l’unité.
- Les racines de l’unité sous forme exponentielle sont
- Les racines de l’unité, pour , forment les sommets d’un polygone régulier à côtés inscrit dans un cercle unité centré à l’origine du plan complexe, avec un sommet à la racine triviale 1.
- Soient et des entiers positifs tels que . Alors, les racines communes aux racines et de l’unité sont exactement les racines de l’unité.
- Une racine primitive de l’unité est un nombre complexe pour lequel est le plus petit entier positif tel que . Autrement dit, une racine primitive de l’unité est une racine de l’unité qui n’est pas une racine de l’unité pour . En particulier, tout nombre complexe de la forme est une racine primitive de l’unité.
- Si est une racine primitive de l’unité, alors les racines primitives de l’unité sont Elles vérifient